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InnomarLive 2023: partie deux

By Innomar Strategies

Résumé de la discussion de groupe : « Comment transformer ces difficultés en occasions d’améliorer les soins et l’accès aux médicaments? »

Présentateurs :

Brent Fraser, vice-président, Évaluation des médicaments, ACMTS

Daria O’Reilly, économiste principale en santé, experte-conseil en pharmacie, Solutions d’assurance santé et de paiements, Telus Santé

Carlene Todd, vice-présidente, Accès, Hoffmann-La Roche Limited

Gerald Batist, directeur, département d’oncologie, Hôpital général juif Sir Mortimer B. Davis; directeur, Centre for Translational Research in Cancer, Université McGill; professeur, département d’oncologie, Université McGill

Animateur :
Grant Perry, directeur principal, InnomarConsulting
Comment les systèmes d’ETS (payeurs, évaluateurs et industrie) peuvent-ils évoluer ensemble pour que les patients canadiens puissent recevoir les bienfaits des percées scientifiques? 


Carlene Todd
: Nous devons faire entendre la voix des patients ainsi que celle de tous les intervenants.
Il faut considérer l’ensemble du paysage et non seulement un état de fait à un moment précis dans le temps. Pensez aux données probantes de manière plus large, à l’échelle mondiale. Nous avons besoin de voies d’homologation innovantes et de collaborations internationales en matière d’ETS. 

Compte tenu des difficultés à long terme des ETS, quel est le mandat et comment gérer cet enjeu?


Brent Fraser
: Nous offrons des outils dont les fabricants ne tirent pas parti (p. ex. les conseils scientifiques).  Nous ne nous préoccupons des es données provenant de l’étranger, mais celles-ci doivent toujours être pertinentes pour la population canadienne. Les données doivent être solides et répondre à une question claire, ce qui n’est pas toujours simple, mais il est possible d’évaluer la manière dont nous évaluerons les nouveaux traitements dans l’avenir. De plus, nous reconnaissons qu’il est difficile de nous engager dans une certaine voie si nous n’obtenons pas le soutien des juridictions.

Dr Batist, au-delà de l’aspect clinique, vous vous êtes grandement engagé vis-à-vis des éléments auxiliaires abordés aujourd’hui. Vous êtes dans une position privilégiée pour faire entendre votre voix dans ce domaine.


Gerald Batist
: Effectivement, et cela me permet d’évaluer l’ensemble des contraintes de toutes les parties prenantes. Nous évoluons dans un système difficile à changer. En revanche, l’approbation des médicaments et l’accès à ceux-ci doivent être accélérés au profit des patients atteints de cancer. En fait, elles doivent évoluer à la vitesse du cancer, et non à celle des organismes de réglementation. Nous nous sommes inspirés des premiers militants de la communauté du sida dans les années 1980, qui ont réussi à faire évoluer de manière stimulante et créative la réglementation de la FDA, en vue de montrer que cette démarche était possible sur le plan de l’écoute plus spontanée de la voix des patients.

Il suffit de se rappeler qu’au cours des trois dernières années, un autre élément perturbateur a permis de montrer qu’il est possible de modifier la réglementation de manière à permettre l’évaluation, l’approbation et l’offre très rapides des médicaments. Je mets l’accent sur l’innovation et l’urgence. Il y a beaucoup plus de personnes qui vont mourir d’un cancer que ceux qui sont décédés par suite de la COVID-19 au cours des trois dernières années. Bien que tous les éléments soient en place, nous devons procéder à une restructuration majeure que tout le monde comprend. Nous devons simplement déterminer comment nous y prendre.

Daria, vos clients jouent un rôle différent, mais essentiel. Qu’en pensez-vous?


Daria O’Reilly
: On a posé une question sur l’utilisation du matériel de l’ACMTS (ETS du point de vue du payeur public). J’oserais croire que nos clients acquerront les compétences nécessaires pour interpréter les ETS qu’ils reçoivent. Je souhaite que les ETS prennent également en compte le point de vue des payeurs privés.

Question de l’auditoire : Nous disposons aujourd’hui des processus nécessaires pour offrir des traitements novateurs aux patients (même s’il y a de la place à l’amélioration), mais en ce qui concerne les diagnostics, les processus adoptés sont moins rigoureux et chaque province a tendance à agir de manière isolée, ce qui explique les grandes inégalités d’accès. Est-ce qu’on établira un cadre de travail plus uniforme à cette fin?


Brent Fraser
: Nous avons organisé une table ronde sur les tests génétiques et diagnostiques complémentaires (en décembre) pour avoir une meilleure idée de ce dont on a besoin pour formuler une recommandation en matière de financement. L’équipe responsable des dispositifs au sein de l’ACMTS examine de près cet enjeu. Lorsqu’une nouvelle technologie devant faire l’objet de tests arrive sur le marché, nous aimerions avoir en place un processus qui permettrait de voir aux deux fonctions. L’INESSS fait cela beaucoup mieux que nous. Nous abordons cet enjeu dans nos examens portant sur le cancer, mais les organismes provinciaux mentionnent souvent qu’il est merveilleux de disposer de cette technologie, mais que nous n’avons pas le financement nécessaire pour les tests diagnostiques. Étant donné que nos principaux clients sont les régimes d’assurance médicaments, cet enjeu constitue un problème pour nous. Souvent, nous ne savons pas à qui proposer des recommandations pour faire prendre conscience aux personnes concernées qu’il pourrait y avoir des lacunes dans un secteur d’activités donné. Par ailleurs, ces personnes ne disposent pas du réseau de personnes-ressources nécessaire en raison de la décentralisation de certains services.

Gerald Batist: L’arrivée des tests diagnostiques complémentaires dans les cliniques comporte des difficultés. Entre-temps, les cliniciens et les scientifiques mettent au point de meilleurs tests diagnostiques en laboratoire, mais n’en déterminent pas entièrement la fonction. Une autre façon de procéder consiste à effectuer un test diagnostique moléculaire complet pour chaque patient. Il s’agirait d’un simple exercice de bio-informatique visant à rechercher par exemple une variante ou une amplification, mais cela ne deviendra que plus compliquer. Nous avons besoin d’un plan exhaustif à élaborer de manière proactive. Il s’agirait d’importants efforts auxquels nous devrions tous contribuer.

Daria, étant donné que les régimes privés d’assurance médicaments se comptent par milliers, quelle place les tests diagnostiques complémentaires occupent-ils dans votre réalité?


Daria O’Reilly
: Les payeurs privés ne remboursent pas les tests diagnostiques. Ceux-ci sont du ressort des instances publiques, ce qui retarde encore plus les choses. Les choses se compliquent encore davantage avec la transmission de renseignements et la confidentialité. Malheureusement, plusieurs raisons expliquent les retards d’accès.

Gerald Batist: C’est l’occasion de redéfinir le cancer comme un ensemble de sous-groupes de maladies rares et peu courantes, en fonction de profils moléculaires spécifiques. Nous devons commencer à y réfléchir dans ces termes-là.

Carlene Todd: Je me demande si l’on peut appliquer certaines leçons tirées du domaine thérapeutique des CAR-T à l’oncologie de précision?

Est-ce que le sujet du territoire inoccupé des tests diagnostiques complémentaires a été abordé durant vos tables rondes?

Brent Fraser: La question est parfois abordée, mais généralement trop tard dans le processus. Il serait utile de l’aborder dès le départ, à mesure qu’on passe au travers des examens. Nous ne pouvons rien faire pour résoudre une grande partie des problèmes comme la facturation interprovinciale. Il s’agit d’un enjeu gouvernemental dont il faut se réapproprier et qui doit être traité dans le cadre de leurs processus. Or, nous pourrions réunir un plus grand nombre de personnes autour du sujet et faire appel à nos experts cliniques. Nous procédons à un examen éthique (pas dans tous les cas), mais dans le cadre des projets les plus complexes, où des enjeux tels que l’accès, les régions éloignées par rapport à la ville, les centres d’excellence et les tests génétiques sont tous soulevés et présentés de manière isolée, puis font l’objet de discussions avec les régimes d’assurance médicaments, en vue de comprendre les conséquences possibles en matière de financement. Personne d’entre nous ne souhaite passer par ce processus, faire des recommandations et voir tout tomber à l’eau en raison de problèmes de mise en œuvre. Notre comité fait face à un grand nombre de problèmes comme ceux-là, et nous tentons de trouver des moyens de les attaquer en amont. Et ce n’est pas parce que personne n’est là pour en parler. En fait, il s’agit plutôt de déterminer si, dans le cadre de leur mandat, il leur revient de se mettre à évaluer l’accès à un type spécifique de test génétique et la facturation interprovinciale à mesure que les patients doivent se rendre dans d’autres centres pour avoir accès à un traitement. Les discussions deviennent de plus en plus difficiles.

Dr. Batist: Le concept de soins fondés sur la valeur est un autre élément devant faire l’objet d’une discussion plus approfondie. Nous attachons trop d’importance au coût du médicament plutôt qu’au coût du traitement et de tous ses éléments. Nous devons appliquer cette approche sur le terrain. Voici un exemple de mécanisme par lequel un clinicien peut soumettre son cas à des fins d’accès (à des médicaments d’exception). Nous analysons simplement les données qui en découlent et il est assez frappant de constater qu’il est possible de prédire et de montrer les bienfaits pour les patients. Nous pouvons également prédire si l’INESSS approuvera ce médicament dans les 6 mois sur la base des données dont nous disposons à un moment donné.

Les EBR et leurs difficultés au sein des provinces/territoires et des juridictions, la production de données, la propriété des données, etc. voilà une GROSSE question.


Daria O’Reilly
: Les DPMR ne sont pas chose nouvelle. Nous en parlons depuis au moins 20 ans; les difficultés sont peut-être nombreuses, mais je pense qu’il est temps de commencer. Je sais que l’initiative de l’ACMTS consiste à commencer à examiner les DPMR. Nous devons découvrir où se trouvent les données, établir des partenariats avec des universitaires pour élaborer des méthodologies solides en vue de produire des données probantes. Je suis motivée par le fait que nous parlions d’occasions et d’un plan d’avenir, plutôt que de constamment parler des difficultés.

Brent Fraser: Un des éléments clés est de comprendre en quoi consiste le bon résultat, l’obstacle sur lequel nous nous butons tous, car il existe différents points de vue sur le résultat à inclure dans une entente. Lors des discussions avec le NICE portant sur les expériences de l’institut, notamment son Cancer Fund and the Innovative Life Sciences review, il m’a semblé (d’après les informations anecdotiques obtenues) que cet organisme n’obtient pas le succès qu’il souhaiterait avoir avec ces ententes, principalement en raison du fait que les données ne soutiennent pas le résultat à mesurer. Il y a beaucoup à apprendre. Nous ne prenons pas parti. Il appartient aux provinces/territoires de déterminer s’ils peuvent aller de l’avant. L’ACMTS est certainement là pou nous aider. S’ils ont besoin de conseils au sujet des DPMR, les sources de données disponibles, nous avons une opinion sur les résultats qui sont importants. Cependant, les patients auront un point de vue différent, ce que nous constatons dans les dossiers soumis par les patients dans le cadre de nos examens. Il pourrait parfois y avoir divergence d’opinion. Nous pouvons travailler pour vérifier où se trouvent les sources de données. Il y a une abondance de renseignements; il s’agit d’établir les bons liens.

Gerald Batist: Je pense que c’est une question de données et qu’il faut rechercher une solution pour normaliser les processus. Il faudra déployer de grands efforts à l’échelle de tout le pays, soit dans l’ensemble des provinces/territoires. Plusieurs bases de données ne sont pas reliées, alors qu’elles devraient l’être. Nous avons besoin d’une infrastructure de données suffisamment solide pour soutenir ces efforts, et ce, avant même de demander aux organismes de réglementation de suivre cette voie. 

Carlene Todd: Je suis d’accord avec tout ce qui a été dit. Il s’agit toutefois de commencer tôt, et nous devons réunir les bonnes personnes au bon moment. Il serait utile de réunir l’ACMTS, l’APP et les provinces/territoires pour déterminer les bons résultats et les bonnes sources de données.

Fin de la discussion de groupe

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