InnomarLive 2023: partie trois

Soins offerts aux patients canadiens atteints de cancer : le point de vue du médecin
Dr Gerald Batist, directeur, département d’oncologie, Hôpital général juif Sir Mortimer B. Davis; directeur, Centre for Translational Research in Cancer, Université McGill; professeur, département d’oncologie, Université McGill

Après cette discussion de groupe interactive animée, le Dr Gerald Batist est monté sur scène pour présenter le point de vue du médecin sur la prestation de soins de qualité aux patients atteints de cancer. La Covid-19 a certainement bouleversé l’approche thérapeutique pour les patients atteints de cancer. Bien que la pandémie ait causé de nombreux problèmes, ce à quoi nous faisons face aujourd’hui est peut-être encore plus alarmant, car un plus grand nombre de patients consultent à un stade plus avancé de la maladie qu’auparavant, en raison de la pénurie de professionnels de la santé, ce que le Dr Batist qualifie de « tsunami post-COVID du cancer ». Cependant, grâce à la médecine de précision, les innovations et les progrès technologiques récents sont très prometteurs pour ce qui est de la prise en charge des soins en cancérologie. Des traitements plus efficaces et mieux ciblés peuvent réduire le coût global des traitements en optimisant l’adéquation patient-traitement, ce qui permet d’éviter des traitements dont on peut prévoir l’inefficacité, les effets toxiques et les coûts importants, tout en améliorant les résultats cliniques dans leur ensemble. Au cours des quelques dernières années seulement, les autorisations de mise en marché de nouvelles substances actives dans le domaine de l’oncologie se sont multipliées, la plupart d’entre elles étant des traitements ciblés. En oncologie, des approches novatrices telles que celles du réseau Exactis Innovation et de l’outil Oncology Interactive Navigator, peuvent améliorer les traitements personnalisés et les soins axés sur la personne. 

Accès aux tests diagnostiques, aux traitements et aux soins : le point de vue du patient

Claire Edmonds, psychothérapeute agréée, affiliée à Wellspring 

Dans son récit captivant intitulé « Blind Sided » (traduction libre : « À l’aveugle »), Claire décrit son angoisse profonde, ses réflexions, ses sentiments et sa détermination durant sa lutte contre le mélanome oculaire. On y lit le parcours parsemé d’embûches et de réussites d’une professionnelle de la santé doublée d’une patiente atteinte du cancer. 

Dans le cadre de ses projets de recherche, Claire a étudié de nombreuses courbes de Kaplan-Meier portant sur la survie de patients ou de groupes, en tentant d’en dégager de bons indicateurs pronostiques. Pour elle, ces courbes comprenant des points de données représentent de vraies personnes, des personnes qui font tout pour survivre, pour continuer à vivre... Certaines d’entre elles y arriveront, d’autres pas. Ainsi, dans le cadre de votre travail, lorsque vous examinez ces points de données, sachez que chacun de ceux-ci correspond à un patient, que chaque patient a une histoire et qu’il y a des façons compétentes et incompétentes d’interagir avec ces derniers.

Ce « tsunami » de patients admis dans les hôpitaux et les services de cancérologie a imposé un stress énorme sur ce milieu, les membres de leur personnel et les services psychosociaux. Pour atténuer ce stress, les hôpitaux cherchent à transférer les personnes ayant des besoins psychosociaux vers des centres communautaires de cancérologie, tels que Wellspring, ainsi que vers d’autres ressources. 
  
Wellspring est une organisation de soutien offert aux personnes atteintes de cancer, qui propose divers programmes et services aux personnes touchées par le cancer, y compris les patients, les survivants et les aidants. Wellspring diffuse notamment des représentations de patients par l’intermédiaire de récits médicaux (comme celui de Claire, intitulé « Blind Sided » [traduction libre : « À l’aveugle »]). L’organise propose également du soutien émotionnel, psychologique et pratique sous forme de conseils, d’ateliers éducatifs et de cours de remise en forme.

Espoir et défis des thérapies cellulaires et géniques : transformer les difficultés actuelles en occasions d’améliorer les soins et l’accès pour les patients dans l’avenir

Dale Hanna, directrice, Thérapies cellulaires et géniques, AmerisourceBergen

Le nouveau groupe « Thérapies cellulaires et géniques » est unique au sein de l’organisation AmerisourceBergen. Actif au niveau de l’entreprise dans son ensemble, celui-ci possède une vision globale de toutes les unités commerciales, dans le but de comprendre les besoins de toutes les parties prenantes. Cela lui permet d’aider à surmonter les obstacles auxquels ils sont confrontés vu toute la complexité des thérapies cellulaires et géniques.

Dale a souligné trois promesses qui redonnent espoir aux patients : 1) les innovations scientifiques permettant aux patients les plus malades d’obtenir de meilleurs résultats pour la santé; 2) la priorisation de la voix des patients et des aidants dans les efforts de développement et de commercialisation; 3) l’entrée du secteur des soins de santé dans le 21e siècle grâce à l’industrie biopharmaceutique, dans le cadre de divers champs de travail et selon différentes perspectives.

La « réalité de l’expérience du travail complexe lié aux cellules et aux gènes » comprend de nombreux obstacles. Du point de vue du fabricant, les principales difficultés résident dans le caractère de plus en concurrentiel et complexe du secteur, d’où la nécessité d’une mise en marché rapide en vue d’une réussite commerciale. Les fabricants doivent livrer une guerre de recrutement à leurs concurrents, ainsi qu’assumer la complexité des processus et les erreurs commises au cours des activités cliniques menées en vue de la commercialisation d’un produit. Pour réussir à augmenter le volume de production, il est essentiel d’adopter une stratégie intégrée faisant appel aux fournisseurs de services. Les fournisseurs vivent également des difficultés lorsque vient le temps de garantir l’accès aux traitements pour leurs patients, sans parler des obstacles au financement et au remboursement d’un point de vue financier.

Les DPMR continuent d’être importantes, car elles sont la promesse d’une représentation juste de la pratique réelle et des véritables comportements des patients tout au long de leur parcours thérapeutique. Il convient de cibler des résultats axés sur les patients qui concordent avec leur vie quotidienne.
Les services de soutien offerts aux patients sont souvent mis en place pour répondre à des besoins non satisfaits en dehors du contexte clinique. L’élaboration de services centrés autour des patients et des aidants en vue de répondre aux besoins avant et après le traitement permettra d’améliorer les résultats tant sur le plan de la santé que des affaires.

Travaillez en amont, car il existe de nombreux facteurs inconnus et prévoyez une certaine souplesse dans la planification des voies d’accès lors de la mise en marché. Lorsqu’on veut garantir la portée et la réussite optimales de son produit, on ne peut jamais établir trop tôt des partenariats avec l’industrie, les organismes de réglementation, les patients, les aidants, les professionnels de la santé et les fournisseurs.

Données probantes du monde réel : de l’engagement à la mise en œuvre

Brent Fraser, au nom de Nicole Mittmann, vice-présidente, Données probantes scientifiques, Méthodologies et Ressources 

Brent a fait le point sur l’initiative Real-World Evidence Guidance et les étapes à venir. Les consultations d’intervenants relatives à l’orientation ont pris fin le 6 janvier 2023. Après trois rondes du Global Policy Forum de l’HTAi, les principes clés qui en sont ressortis sont la transparence, l’impartialité et l’inclusion, la transparence étant arrivée au premier rang chaque fois. 

L’objectif consiste à élaborer, en collaboration avec Santé Canada, un document d’orientation pour la déclaration des DPMR à titre de supplément aux demandes. Cela améliorera les normes en matière de déclaration et la qualité des données présentées, en plus de favoriser un processus décisionnel mieux éclairé. Cinquante-quatre intervenants ont fait part de leurs commentaires, ce qui a permis d’en dégager des sujets généraux et des éléments d’apprentissage. L’ACMTS et Santé Canada répondront aux commentaires en les organisant par sujet et en déterminant si le document d’orientation doit être mis à jour ou non. Le document d’orientation sur les DPMR sera lancé dans le cadre du symposium de l’ACMTS, qui se tiendra du 16 au 18 mai 2023.

Il est particulièrement important d’examiner les données probantes et le niveau de qualité de celles-ci. Les DPMR ne mèneront pas systématiquement à des approbations, mais contribueront à combler les lacunes attribuables à l’incertitude. Il faudra déterminer les résultats pertinents à mesurer avant de pouvoir discuter des ententes basées sur les résultats (EBR). Les fabricants de produits pharmaceutiques peuvent se préparer en consultant l’ACMTS, ainsi que les parties prenantes et les groupes de patients concernés, afin de déterminer les bons résultats et de s’assurer d’obtenir les meilleures données.